Peugeot : La 408 côté coulisses avec Pierre-Paul Matteï

La naissance d’une lionne

«Ce n’est pas une berline, ce n’est pas non plus un SUV…» précise d’emblée Linda Jackson, la grande patronne des lions de Sochaux, pour le monde s’il vous plait ! Qu’est-ce alors que cette nouvelle, et inattendue, Peugeot 408 ?

Afin d’avoir une réponse à cette question, nous avons eu la chance, avec deux de nos talentueux confrères, d’une longue visite détaillée et commentée fin juin 2022 dans un discret immeuble parisien voisin de la Banque de France. C’est dire si cette voiture était un secret bien gardé. Suivons le guide, en compagnie de Pierre-Paul Matteï, le «Project Design Director» autrement dit le responsable de gammes style Peugeot en bon français. Lui qui vient de garder un long secret pendant plus de cinq années, celui du projet «P 54» son nom de code, la longue gestation d’une nouvelle lionne dont le manifeste remonte même à 2015. Et là nous arrivons à sept années, un fait devenu très rare dans l’univers automobile.

Inattendue sous tous les angles

«Un fastback dynamique et innovant», nous dit le dossier de presse de Peugeot, certes. D’autres vous diront qu’il y a de la Citroën C5 X là-dessous. Chez «The Automobilist», nous avons voulu en savoir un peu plus sur cette nouveauté. Et sa genèse explique beaucoup de choses. Flash-back, avec la nouvelle 408, le lion de Sochaux manifeste certes la capacité inventive de ses équipes, en proposant, en haut du segment C, une silhouette «Fastback» inédite, surtout dans l’histoire de la marque plus que sur le marché automobile actuel. Plus lointaine, souvenons-nous de la BMW Série 5 GT il y a de nombreuses années et plus récemment de la Citroën C5 X.

Une clientèle lassée des SUV traditionnels

Troisième modèle du programme P5 développé avec les 308 berline et 308 SW, elle vient compléter l’offre de la marque dans un segment C entre la 308 et la 3008 dont elle reprend la plateforme. À moins que ce soit entre 3008 et 508 diront d’autres. Quant à moi, j’opte plutôt pour la seconde hypothèse. Peugeot est ambitieux. Quoiqu’il en soit, force est de reconnaitre que c’est une voiture racée et élégante qui vise une nouvelle clientèle. Peut-être une clientèle lassée des SUV traditionnels, devenus très classiques, trop semblables les uns des autres, surtout avec l’arrivée des modèles électriques et leurs contraintes aérodynamiques. Une clientèle qui apprécie, aussi, être la première à adopter de nouveaux produits. Celle que les grandes société des nouvelles technologies nomment les «Early adopters», ceux qui apprécient ce qui est différent et véritablement nouveau. Ceux qui veulent être les premiers à avoir un nouveau produit. Peugeot parie que la plupart des clients de cette 408 devraient être des couples, en majorité actifs, avec ou sans enfants : «Une mosaïque de besoins et d’envies, parfois complémentaires, guide leur choix. Certains veulent monter en gamme au sein du segment C et s’offrir une voiture plus grande et spacieuse. D’autres souhaitent une silhouette plus originale et innovante qu’un SUV compact, qu’ils jugent trop commun ou trop familial. D’autres encore apprécient la stature d’une grande voiture». C’est dit.

L’idée de la «Roue carrée»

Une certitude, cette 408 se distingue par sa silhouette aussi dynamique que généreuse et par son concept émancipé des catégories en cours, mais aussi par son style reconnaissable entre tous. Les lignes sont acérées, très acérées comme pour toutes les nouvelles Peugeot. La calandre, qui reprend la couleur de la caisse pour s’intégrer parfaitement dans la face avant, est ponctuée du nouvel emblème, comme toujours frappé d’une tête de lion. La découpe inversée du pare-chocs arrière, bien noir et qui sera toujours noir à l’inverse des pare-chocs peints couleur carrosserie «Au moins les rayures ne seront plus à craindre» souligne Pierre-Paul Matteï, surprend, tout en conférant au profil une dynamique inédite. La 408 est solidement posée sur de grandes roues de 720 mm de diamètre, et les indites jantes de 20 pouces présentent un design géométrique disruptif. Des jantes qui n’ont pas fini de faire couler de l’encre. Pierre-Paul Matteï nous avoue que les équipes ont été passionnées par ce projet de «Roue carrée». À l’avant, nous retrouvons la signature lumineuse à crocs. Elle se devait d’intègrer parfaitement cette 408 dans la famille, tout comme les feux LED à trois griffes à l’arrière. C’est signé.

Un design audacieux et élégant

D’une longueur de 4.69 mètres, basée sur un empattement long de 2,79 mètres, la 408 offre une habitabilité remarquable au deuxième rang, avec un généreux espace aux genoux. Le coffre à bagages est lui aussi tout aussi généreux, avec un volume de 536 litres, modulable jusqu’à 1 611 litres une fois les dossiers des sièges arrière rabattus. Sa hauteur de 1.48 mètres, donc inférieure à celle de la 3008, offre une silhouette fine et élancée. Cela profite à l’efficience aérodynamique.

Plus en détails, les protections latérales de caisse et de passages de roues se prolongent donc en un robuste pare-chocs arrière noir, comme nous venons de le voir. En découpant de biais la couleur caisse, il accentue l’effet inversé de la poupe au profit du dynamisme. Il permet aussi d’absorber visuellement le porte-à-faux arrière, qui ménage un coffre à bagages de grande capacité. Six teintes seront disponibles dont ce «Bleu obsession», une nouvelle teinte, sélectionnée pour porter le lancement du modèle. Un nouveau «Gris Titane» devrait aussi séduire les plus élégants. Alors que le «Rouge Elixir» et le «Blanc nacré» devraient encore plus noyer la calandre dans le reste de la carosserie, à la façon des voitures électriques. Les jeunes générations ne connaitront plus le problème de radiateurs percés par un caillou…

Boucliers, volet de coffre, diffuseur, montants de caisse, rétroviseurs, écrans sous caisse, toutes les pièces de carrosserie ont été optimisées grâce à une collaboration étroite entre les stylistes et les ingénieurs aérodynamiciens. Une collaboration qui fait écho à la discipline de travail mise en place par les équipes du design à Vélizy et de l’ingénierie lors de la création de la très attendue hypercar Peugeot 9X8 dont les tout premiers pas en compétition sont imminents.

Côté calandre, centrée sur le nouvel emblème qui dissimule le radar de nombreux systèmes d’aide à la conduite, le traitement couleur caisse la dématérialise en la fondant dans le volume général du pare-chocs, signe de l’électrification.Côté signature lumineuse, la technologie Matrix LED mise en œuvre a permis de dessiner des projecteurs très fins. Ces projecteurs font un regard résolument Peugeot. La signature se prolonge vers le bas avec les deux bandes de LED en forme de crocs désormais traditionnels, la griffe d’un constructeur ?Côté roues, les jantes de 20 pouces offrent aussi un style disruptif. Présentant une forme géométrique enchâssée dans un cercle, un carré dans un cercle, elles étonnent. Leur dessin inhabituel s’inscrit dans l’approche conceptuelle inédite de la 408. Pierre-Paul Matteï assure qu’elles sont le fruit d’une longue réflexion et créent un effet à basse vitesse, à vérifier.Du côté portes arrière, au-delà d’un profil caractérisé par un découpage entre pièces noires et pièces peintes, le subtil dessin de la 408 met l’accent sur la générosité de l’habitacleCôté arrière toujours et cinquième porte, au-delà du hayon surmonté d’intrigantes mais utiles oreilles nous assure Pierre-Paul Matteï : «Le pavillon de toit est une zone sensible. Le flux d’air est optimisé et guidé par deux ‘Oreilles de chat’ qui créent un couloir aérodynamique en direction du becquet de volet de coffre». Ces deux appendices tout aussi anguleux qu’efficients sont autant d’éléments distinctifs du style.Côté planche de bord, le i-Cockpit, marqueur du lion depuis une décennie, s’enrichit. Aux côtés du volant compact, la planche repose sur une architecture «High-vent» plaçant les aérateurs en position haute, face à la tête des occupants.

La Peugeot la plus habitable pour ses passagers

À son conducteur, comme à ses passagers, la 408 propose bien entendu la dernière génération du i-Cockpit, reconnaissable entre tous par son volant compact. Nous y retrouverons une connectivité intégrant les technologies Peugeot bien connues. Vivement les essais dynamiques pour vérifier les progrès. Alimentés par six caméras et neuf radars, les systèmes d’aide à la conduite comptent un régulateur de vitesse adaptatif, une vision de nuit qui permet d’alerter de la présence d’animaux, de piétons ou de cyclistes sur la voie avant qu’ils n’apparaissent dans le faisceau lumineux des feux de route, une surveillance d’angle mort longue portée et une alerte arrière de trafic, qui prévient d’un danger potentiel lors d’une marche arrière. Bref, nous sommes bien en haut de gamme.

L’espace arrière est particulièrement généreux, grâce à l’empattement long de 2.787 mètres, qui fait de la nouvelle 408 la Peugeot la plus habitable pour ses passagers, c’est vérifié. Ceux-ci bénéficient, en effet, de 188 mm d’espace aux genoux. La «Cave à pied», si si c’est le nom de cet espace dédié aux pieds des passagers arrière sous les sièges de premier rang, est conçue pour maximiser la liberté de mouvements. Sinon, rien de nouveau côté dessin des sièges.

Trois motorisations avant une 100% électrique

Les motorisations de lancement comportent deux versions hydrides rechargeables de 180 et 225 chevaux et une version essence de 130 chevaux, des motorisations bien connues de toutes et tous. Toutes trois sont associées à la toujours bien connue boîte automatique à huit rapports EAT8, et ses petits défauts en circulation urbaine. Une version tout électrique, très attendue par cette famille de prospects, suivra quelques mois plus tard, histoire de relancer la communication quelques mois après la première découverte. Stratégie communicante !

À Mulhouse comme à Chengdu, une 408 mondiale

Arrivant sur le marché début 2023, voiture à vocation mondiale, elle sera d’abord produite en France, à Mulhouse, pour le marché européen, puis dans l’usine de Chengdu en Chine pour le marché asiatique. «Nous pensons que la vie devient meilleure quand on y ajoute de l’allure. Et précisément, avec son allure unique, sa silhouette innovante et son élégance émancipée, la 408 est l’expression de la philosophie et de l’inventivité de Peugeot», souligne Linda Jackson : «Inattendue sous tous les angles, la 408 a été conçue pour ceux qui veulent s’affranchir de certaines conventions». C’est dit, à nouveau ! Peugeot nous ferait-elle sa mue ? Première du genre pour la marque sochalienne, véritablement inattendue, véritablement différente, véritablement montée en gamme, cette lionne d’une nouvelle espèce souhaite offrir, très probablement, en plus de sa posture féline et de son allure encore rare : «L’excellence d’une ingénierie centrée sur l’efficience, ainsi que les émotions procurées par des technologies dédiées au plaisir de conduire et à un usage instinctif», c’est la promesse. Sur ce, ce sont des technologies où Peugeot excelle, avouons-le. Puissions-nous y retrouver au volant les émotions annoncées par Linda Jackson. Sept années de réflexion, sept années de gestation d’une lionne très «Architecture» le valent bien.

Côté route, ne reste plus qu’à mettre le contact. Puissions-nous retrouver au volant de cette nouvelle Peugeot 408 les émotions annoncées par Linda Jackson, la patronne de la marque au lion.

Propos recueillis et photographies par Philippe Colombet.

NDLR : la rédaction de «The Automobilist» remercie ses confrères de «POA», les célèbres «Petites Observations Automobiles» et notamment l’ami Renaud Roubaudy, d’avoir accepté notre complicité dans ce reportage.
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